Imaginons que la cour de récréation soit le monde, et il se trouve que lorsque nous parlons de nations au lieu d'enfants, les choses deviennent un peu plus compliquées. Nous avons donc besoin d'intermédiaires, de coursiers, qui vont d'un côté à l'autre, pour aider les enfants de la cour de récréation à se parler, pour que la coexistence se passe bien et pour que chaque jour soit meilleur pour tout le monde.
Mais il y a des différences qui rendent ce jeu difficile : imaginez que les enfants parlent plusieurs langues différentes, nous sommes surpris par leurs différences de taille et de musculature ; ils ont des sommes d'argent très différentes dans leurs poches (parfois ils ont des pierres dans leurs poches) ; leur âge n'est pas le même et intérieurement, ils ont des voix et des idées très différentes. De plus, ils partagent des voisins, et ne peuvent pas se déplacer (sauf dans de très rares cas). Ils ne peuvent pas se cacher dans un coin (même si certains essaient). Et le plus complexe : le jeu dans la cour de récréation est éternel (il n'y a pas de temps pour passer à autre chose). La cour de récréation, les jeux, les bavardages et les tiraillements ne s'arrêtent jamais et ne s'arrêteront jamais. C'est le monde, et c'est là que travaillent les diplomates.
Mon fils n'était pas satisfait de ma réponse. Mais la métaphore m'a aidé à faire des présentations sur ce qui se passe dans les relations du Mexique avec les nations du monde entier.
Être diplomate est un privilège en raison des dimensions de cette cour ; parfois, c'est même amusant. Et travailler en tant que consul général du Mexique à Montréal est un privilège encore plus grand. Ce coin de la cour de récréation, un peu froid, en vaut la peine.
Mon pays considère le poste de consul général au Québec comme un poste de premier ordre. Il a décidé en 1931 que quelqu'un au niveau d'ambassadeur devait venir ici parce que le Québec est une réalité nationale distincte. À l'époque, on pensait qu'il s'agissait, en somme, de la porte d'entrée commerciale de l'Amérique du Nord et d'une porte d'entrée culturelle où la voix latine du Mexique aurait beaucoup à dire et beaucoup de portes à ouvrir.
Quand on vit, comme moi, dans ce coin nordique, on est immédiatement enclin à penser que, si j'ai contribué à améliorer les relations du Mexique avec le Québec, cela a aussi signifié une amélioration spéciale pour moi-même. C'est ce que le Québec nous donne. Et cette belle province nous apprend beaucoup sur la façon d'être un meilleur diplomate, même si cela ne semble pas évident.
Parfois, les changements de la vie, comme des sauts en territoire inconnu, nous offrent les plus belles réussites. Des changements politiques ont provoqué mon départ de l'ambassade du Mexique à Washington alors que j'y étais en tant qu'ambassadeur par intérim aux États-Unis. C'est ma femme qui, face à ce changement, a perçu que Montréal serait une bonne option pour que je continue. La culture d'origine française l'attirait. Elle avait étudié en France et pensait qu'il y avait un filon de contacts culturels à exploiter. Elle ne pouvait pas avoir mieux choisi.
Et c'est grâce à toute cette latinité et cet intérêt pour la culture (un savoir-vivre avec une profondeur humaniste et une qualité intellectuelle) et parce que la société québécoise nous oblige à réfléchir de la manière la plus profonde et la plus éclairée sur des questions qui, aujourd'hui, sont transcendantes. De ce coin, aujourd'hui, il y a beaucoup à dire à toute la cour de récréation où vivent ensemble les acteurs du monde.
C'est une société biculturelle (c'est assez dire), avec en son cœur les fiertés exceptionnelles que sont la langue française et la culture québécoise. À cela s'ajoute le nombre élevé d'immigrants issus d'une très grande diversité d'origines. Ici, la compréhension des migrations est primordiale, tout comme la tolérance des particularités culturelles, sociétales, économiques et tout simplement humaines des autres communautés "arrivantes" afin qu'elles s'intègrent au Québec. Mais le plus important, c'est qu'au moins ici, il y a la plus grande volonté de discuter de la façon d'être meilleur face à cette mosaïque, parce que le Québec croit que cette mosaïque l'enrichit. Et elle le fait sans que le Québec cesse d'être le Québec.
Cela provoque un niveau élevé de débat.
Cela m'a toujours incité à me demander ce qui fait la spécificité du Québec dans le traitement de ces questions si actuelles et qui, sous d'autres latitudes, ont donné naissance à des courants idéologiques inquiétants. Malheureusement, ils ont donné lieu à des polarisations, à des idéologies dogmatiques, à la négation de vérités et d'avancées scientifiques, à des reculs dans la progression des droits de l'homme, à des discriminations et même à des cas graves de violence comme ceux dont nous avons été témoins récemment.
Qu'est-ce que le Québec fait bien et qu'est-ce qu'il fait, dans le même ordre d'idées, dans sa relation avec le Mexique ?
Dans cette partie du monde, la formule a été de donner le plus de force possible à l'État de droit, au respect de la loi, à la recherche d'un cadre de compréhension ; mais en plus, cela s'accompagne de formules ingénieuses, intelligentes, pour inclure et intégrer, pour faire partie du grand projet québécois ceux qui arrivent, ceux qui investissent, ceux qui cherchent une opportunité d'emploi, ceux qui innovent, et même ceux qui viennent pour étudier.
Cette légalité est la clé de la certitude. Au Québec, cette clé est très présente et le Canada tout entier est un endroit qui a soif de certitude, parfois de manière exagérée parce qu'on dit que les Canadiens anticipent tout et qu'ils sont réfractaires au risque. (C'est vrai. Les fonds d'investissement pour les nouveaux projets au Canada proviennent principalement de sources gouvernementales. Les investisseurs privés sont lents à investir et à prendre des risques. Tout est consulté... et souvent. Les projets pilotes sont préférés aux engagements à long terme. Le Canada possède une culture de l'assurance très développée, qui sous-tend l'énorme valeur de la prévoyance. La prévoyance bancaire a fait du pays un exemple de respect des normes pour rendre ses banques aussi solides que possible. Le simple fait de tenter d'établir un agenda en tant que diplomate sans disposer d'un temps de préparation suffisant provoque la réaction des gens d'ici : "Vous me convoquez à une réunion dans deux semaines ? N'auriez-vous pas pu planifier davantage et m'avertir quelques mois à l'avance").
Mais cette valeur de la loi et de la certitude va de pair avec quelque chose de très important et de très proche de l'idiosyncrasie du Québec : toujours pousser à l'action créative, innovante et explicite pour créer de nouvelles opportunités et ne laisser personne de côté. C'est une grande leçon pour de nombreux autres problèmes dans de nombreuses autres régions, alors que le monde est si fracturé et polarisé.
Bien qu'il s'agisse d'un message général, pour un Mexicain, les similitudes, les leçons et les possibilités de travailler dans ce cadre et sur les questions transcendantes qui concernent le Québec et le Mexique sont étonnamment ouvertes. Je répète que mon épouse n'aurait pas pu choisir un meilleur endroit.
Pensez un instant à ce qu'est le Mexique : la charnière de tous les grands débats. Je ne pense pas qu'il y ait une question de grande importance, fruit des tensions actuelles entre différentes positions, où mon pays n'ait pas quelque chose à dire avec son approche amicale, tolérante et constructive :
Par exemple, le débat sur l'immigration. Le Mexique en fait l'expérience et le gère de manière très créative dans les relations intenses, complexes mais très constructives qu'il entretient avec les États-Unis. De même, le Mexique peut influer sur des tensions telles que celles qui existent entre les pays en développement dans leurs relations avec les pays développés. Le Mexique est au cœur de ces tensions. Dans la tension entre la culture latino-américaine et la culture anglo-saxonne ; dans la revalorisation des enseignements indigènes due à la richesse de nos groupes préhispaniques dans leur relation avec les sociétés industrialisées (le Mexique est le pays des populations indigènes avec 69 langues différentes, la publication de livres dans 16 d'entre elles et la recherche la plus déterminée pour sauver leurs connaissances, leurs ontologies, leurs valeurs culturelles qui enrichissent tout le monde).
Le Mexique est également au centre du débat sur l'importance pour un pays en développement de faire partie du plus grand accord commercial du monde, l'ACÉUM, et de rejeter fermement le protectionnisme. La transition entre l'ALENA et la signature de la ACÉUM s'est faite en grande partie grâce à des réunions, des analyses et des actions menées par des groupes productifs au Mexique et ici, au Québec, et en tirant parti des nombreux points de convergence entre nos deux pays. Et cela s'est produit, et je l'apprécie beaucoup, pendant mon mandat de consul général du Mexique à Montréal.
Le débat entre l'ouverture commerciale et le protectionnisme, la préservation des particularités culturelles, la protection des secteurs sensibles, mais aussi la promotion de la compétitivité internationale est un sujet sur lequel le Québec et le Mexique sont du même côté de la table. Nous avons appris à travailler ensemble.
Le Mexique subit la tension de forces différenciées entre des régions présentant de nombreux retards socio-économiques qui ont besoin d'être soutenues afin de ne pas être distancées par d'autres régions de mon pays qui ont sauté dans le train de la modernité avec les exigences de cet accord de libre-échange. Nous y travaillons et, par son exemple, le Québec nous aide.
J'irai même plus loin : le débat le plus transcendantal d'aujourd'hui sur notre relation avec la nature concerne l'électromobilité et a ouvert au Mexique et au Québec un agenda nouveau et unique que nous commençons à peine à explorer. Grâce à la construction de batteries, à la présence de lithium, à la capacité technologique en matière d'électricité et à la force manufacturière, le Mexique et le Québec jouent un rôle clé dans l'électrification des transports en Amérique du Nord.
Je sais que le Mexique et le Québec aborderont dans cet esprit une nouvelle question urgente liée à la pénurie de main-d'œuvre et aux programmes et mécanismes que nous devons mettre en place pour que la présence des travailleurs temporaires dans la province se fasse dans la légalité, la dignité et avec toutes les possibilités d'intégration adéquates dont nous avons besoin pour leur réussite. Il s'agit d'une question difficile, mais nous saurons comment la traiter.
Ainsi, lorsque nous réfléchissons à ces sujets, nous constatons qu'il existe des similitudes frappantes avec ce qui est discuté au Québec, ainsi que des leçons sur la manière de les aborder par le biais du binôme : la certitude de la légalité et des actions créatives pour générer de l'équité. Je pense que cela a été mon travail en tant que consul au Québec de m'occuper de cette longue liste de similitudes avec ces principes.
Et rien n'est plus formateur que cela.
En outre, le temps que j'ai passé ici m'a permis de relever des défis uniques : la pandémie de Covid 19 marquera gravement notre histoire et, en fin de compte, constituera une force de transformation pour notre monde. J'ai même eu la "folie" de transformer l'espace culturel du consulat en clinique de vaccination, et cela a fonctionné : davantage pour les étudiants chinois de McGill que pour les Mexicains, mais cela a fonctionné.
Et j'ai eu l'honneur, en tant que doyen du corps consulaire, de contribuer à la diffusion des mesures mises en place auprès de mes collègues, afin que toutes les communautés d'origines diverses puissent être informées et sensibilisées à ce à quoi nous étions confrontés. Cela s'est traduit par la réalisation de la fresque de remerciement que j'ai été chargé de coordonner, dédiée aux infirmières, aux médecins et au personnel hospitalier. Elle se trouve sur les murs de l'Hôpital juif de Montréal, comme un cadeau des consuls à la ville et comme un symbole de cette formule que je répète si souvent. La fresque résume cette vérité : nous devions vraiment agir avec des règles qui donnaient des certitudes et avec des actions de créativité et d'humanité qui ne laissaient personne de côté.
Rapatrier de nombreux Mexicains pendant l'état d'urgence a été une tâche qui a demandé beaucoup d'inventivité, mais il a fallu encore plus d'énergie pour que le programme des travailleurs agricoles temporaires, emblème entre nos deux pays, reste actif pendant cette période. C'est précisément à ces travailleurs qu'il fallait donner des certitudes pour qu'ils arrivent. Il y a eu des complications et un manque de réponse de la part du Canada, mais j'ai rapidement reçu le soutien du ministère québécois des relations internationales et de la francophonie, avec la ministre Nadine Girault. Elle a émis une lettre qui a joué un rôle clé dans le déclenchement des assurances initiales. Elle s'engageait à ce que tous les travailleurs agricoles saisonniers, sans exception, bénéficient d'une couverture médicale et de soins au Québec en cas de Covid 19. Cela a provoqué une certaine flexibilité dans les autres provinces et au sein du gouvernement fédéral. Peu après, le Québec m'a aidé à mettre en place des cliniques de vaccination à l'aéroport qui ont fonctionné pendant deux saisons et, avec créativité, ont donné une certitude à un programme qui en est maintenant à sa 50ème année et qui est essentiel à la production alimentaire dans ce coin de cour de récréation qu'est notre monde.
Il existe de nombreux autres exemples de mon travail en tant que consul, comme le premier guichet de santé dans un consulat au Canada, où nous avons fourni des conseils aux hispanophones qui ne comprennent pas bien le système québécois et qui ont besoin de conseils en matière de santé préventive et de santé mentale. Nous avons également mis en place le premier guichet de conseil financier, essentiel pour permettre aux Mexicains qui viennent travailler de prendre de meilleures décisions afin qu'eux-mêmes et leurs familles puissent mieux utiliser les revenus de leur travail.
Nous avons également créé la première Place communautaire où les Mexicains peuvent terminer leurs études primaires, secondaires ou collégiales au Mexique, en même temps que leur francisation.
Mais je dois maintenant aborder la partie plus personnelle. Ma famille et moi-même avons également grandi dans cet espace intime de sentiments, de goûts et d'aptitudes.
Pour un diplomate, venir à Montréal est un privilège (comme je l'ai dit), et malgré le froid, beaucoup dans mon pays veulent avoir l'opportunité de se développer ici. Et je me demande ce qui attire tant une famille de ce coin de la cour de récréation à travailler pour sa réussite et celle de nos pays.
Ce n'est pas seulement parce que le niveau de vie est élevé, parce que les services fonctionnent, ou parce que les restaurants sont extraordinaires et que Montréal rivalise pour être l'une des villes où la nourriture est la meilleure, l'environnement le plus accueillant pour les étudiants, l'endroit où se produisent les meilleurs spectacles de musique, de cirque, de théâtre, de littérature, etc. Ce n'est pas seulement parce qu'ils ont un festival de tout ce que vous pouvez imaginer : musique, peintures murales, culture africaine, jazz, baroque, Poutine, activités agricoles ; la seule chose qui manque est un festival d'architecture. C'est encore parce que le niveau de débat pour motiver nos esprits et nos sentiments est profond et enrichit tout visiteur qui tente d'y pénétrer.
La pluri-culturalité du Québec, sa vie dynamique et la façon dont elle rajeunit à chaque instant les racines qui ont donné son identité à cette terre (ses origines multiples) est quelque chose qui vous tient éveillé. Elle motive la raison et enflamme le cœur. Elle touche la pensée et aussi l'âme.
Et il en est ainsi, non pas parce que le Québec a une réponse aux dilemmes, mais parce qu'il n'en a pas (personne n'en a ; prétentieux celui qui dit aujourd'hui qu'il a les réponses) ; le Québec est si plaisant parce qu'il cherche à trouver les lignes directrices pour que tous, sans exception, dans ce coin de la cour, puissent penser, questionner, explorer et essayer de résoudre une vie de bonheur. C'est ce qui rend le Québec différent et c'est pourquoi le Québec ne cesse de discuter de ses problématiques avec véhémence.
Il y a beaucoup à apprendre de cet endroit : oui. Un pays comme le Mexique peut concevoir que les transformations peuvent se faire dans la paix et le consensus... et nous le faisons. La même "Révolution tranquille" ici, au Québec, et la façon dont chaque élément de modification de ses lois et de ses pratiques sociales est toujours le résultat d'un consensus et de la promotion de la démocratie au Québec est un sujet d'admiration... et nous faisons la même chose dans mon pays sur des questions qui sont également dans l'intérêt du Québec : les groupes autochtones, la formation du capital humain, la promotion des jeunes, des femmes, des minorités, la transformation du secteur manufacturier, le nearshoring, la production d'appareils médicaux, l'agro-industrie, le développement d'une industrie aérospatiale forte et amicale. Tout cela.
Mais je crois surtout que la grande coïncidence, c'est que le Québec est une terre de créativité, d'artistes, de gens qui font des liens multiples entre leur valeur en tant qu'individus pour laisser une transcendance et des valeurs collectives pour faire en sorte que la société à laquelle ils appartiennent et le monde dans lequel nous sommes soient meilleurs, un peu meilleurs, à chaque fois. C'est aussi le cas du Mexique.
Je donne un exemple qui a eu un grand impact sur ma vie et que beaucoup de Québécois ignorent : le meilleur artiste au monde dans le domaine de l'art lié à la technologie est un Mexicain-Canadien de Montréal. Il s'appelle Rafael Lozano Hemmer. Un grand ami. Il est actuellement à Abu Dhabi pour installer sur une île des lumières qui traverseront le firmament, capteront les rayons de l'univers pour chaque personne qui manipulera ces rayons et feront dire au monde entier "Wow".
Son art est à l'avant-garde de ce dont un individu peut rêver en matière de créativité ; son art est également un outil de conscientisation qui nous permet de comprendre l'autre et les groupes auxquels nous appartenons. Il nous invite à communiquer avec cet autre être humain quelque part. Son art nous donne envie d'être membres de la communauté des nations, de cette cour de récréation dont j'ai parlé. Lozano Hemmer, pour ne citer qu'un exemple, provoque l'interaction avec ses faisceaux de lumière, ses haut-parleurs, ses algorithmes qui modifient, par exemple, les images d'êtres humains qui ont été victimes et qui s'adressent à nous à de nombreux moments. C'est tout simplement fantastique. Et pourquoi il peut faire tout cela : parce qu'il a trouvé ici la certitude qui lui donne une équipe technologique, une base légale pour financer ses idées (qui, d'ailleurs, sont très chères), et il a aussi trouvé un espace de latinité et la volonté d'être créatif, pour que tout ne reste pas dans ce " hardware " de possibilités et soit complémenté par le " software " du talent humaniste qu'il a à l'intérieur de lui.
Je pense donc que rien n'a été plus satisfaisant pour moi et ma famille que l'énorme accumulation d'actions culturelles que j'ai pu promouvoir entre le Mexique et le Québec. Et Stéphanie Allard, aussi perfectionniste qu'elle est et aussi compétente qu'elle est, me dépasse, parce que la Délégation générale du Québec au Mexique a fait plus que nous en termes de présence culturelle du Québec au Mexique. Mais cela nous ramène au même concept que j'ai essayé de mettre en avant ici : dans cette relation, dans le fond de mon cœur, il reste la capacité d'engagement, de certitude, de légalité, de personnes qui " pensent ce qu'elles disent " pour faire des projets, ainsi que des cœurs qui se jettent sur le terrain vide de la créativité pour essayer.
Aujourd'hui, ma famille et moi sommes un peu meilleurs, et nous sommes un peu meilleurs grâce au Québec. Et nous sommes meilleurs parce que nous avons vu comment l'Institut culturel mexicain s'est intégré aux grands festivals de Montréal, nous donnant l'occasion de connaître les Québécois lors de ces festivals, parce que le Jour des morts est devenu, selon les mots de la directrice générale du Conseil des arts de Montréal, "une partie essentielle de l'agenda culturel de la ville" et que les Québécois nous connaissent mieux maintenant.
L'année prochaine, les Olmèques viendront ici comme les Aztèques l'ont fait avec de grandes expositions, mais ce qui compte, c'est que, dans la partie la plus émotionnelle de notre être, nous avons trouvé au Québec la raison et l'esprit, la certitude qui donne la stabilité nécessaire pour planifier et l'audace créative qui permet de rendre les projets aussi grands et aussi intimes que nous le souhaitions.
Si je dis au revoir à Montréal (la vérité est que je ne dirai jamais au revoir et que je fais déjà partie de cette ville et que ma famille est liée à ce coin de la cour pour toujours), je le fais en étant conscient que j'ai aussi tout fait pour que les gens qui m'entourent soient toujours un peu mieux lotis. Cela semble élémentaire, mais c'est ma satisfaction. C'est sur ce point que je veux conclure devant vous et que je donne plus de valeur à mon expérience au Québec.
Les relations entre le Mexique et le Québec sont un peu meilleures parce que les gens des deux sociétés se sentent un peu mieux, les institutions qui étaient liées se sont améliorées dans leur dialogue et le personnel du consulat, à qui j'adresse et adresserai tous mes remerciements, s'est également amélioré. Leurs salaires ont augmenté, ils ont trouvé des structures de travail plus efficaces et, sur le plan humain, ils se sont enrichis.
Il en va de même pour la communauté mexicaine de Montréal, qui connaît actuellement une croissance très importante. Aujourd'hui, cette communauté est un peu plus unie, elle apporte de grandes expressions artistiques à ce territoire, elle est incorporée dans ses sources de travail, nous les servons un peu mieux avec les journées du samedi et les consulats mobiles à Québec et dans les provinces atlantiques. Y a-t-il eu une amélioration pour eux ? Je pense que oui.
Quoi qu'il en soit, j'ai encore amélioré ma conduite sur les routes en hiver, j’ai compris comment gérer efficacement la chaleur. La seule chose que je n'ai pas pu faire, c'est skier un peu mieux. Je suis toujours dans le pétrin. Ma femme aussi d’ailleurs.
C'est le cœur de l'histoire. Avant tout, ma famille est un peu plus heureuse d'avoir vécu ici. La formule de cette terre, avec la certitude et l'audace, avec la légalité et l'aventure, avec la raison et la passion, a également captivé ma fille. Comme ma fille parle comme une Québécoise et qu'elle peut commencer une phrase en français, passer à l'anglais et la terminer en français, je réalise visuellement tout ce que cette terre lui a apporté.
Elle restera ici. Pour étudier et peut-être pour faire sa vie. Je laisse le meilleur de moi-même au Canada. Je ne le ferais pas si je n'aimais pas cette terre et si je ne croyais pas qu'il y ait de quoi être fier pour chaque Québécois et, plus encore, pour les diplomates de cette grande nation. Il y a quelque chose que vous avez ici, dans vos âmes, qui fait qu'on vous confie même nos enfants.
Dans un monde très agité, dans un monde plein de défis qui nous invitent à l'évanouissement, le Québec nous apprend à continuer à penser, à ne pas lâcher les valeurs de certitude, de clarté et de légalité, ainsi que la tolérance, l'humanisme, la culture et la créativité pour savoir vivre. Si j'étais Québécois, je serais fier de ce que je suis, et que mes particularités ont beaucoup à apporter. Certains d'entre nous qui avons eu la chance de cohabiter avec vous nous sentons touchés, émerveillés et soutenus pour sortir avec courage et dire que oui, il y a des solutions, qu'il faudra du temps pour influencer ces valeurs, mais qu'il y a une volonté d'entamer un dialogue ouvert pour proposer et que nous pouvons travailler.
Je continuerai à travailler comme diplomate à l'avenir et je peux vous assurer que je le ferai avec un peu de la saveur, du ton et de l'essence du Québécois... quelque chose que j'emporterai avec moi et pour lequel je vous suis très reconnaissant.